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Jihel...bref je suis étudiant 

BREF...JE SUIS           ETUDIANT

toujours étudiant, enfin BREF...

 

Il y a chez cet artiste planétaire du défricheur, oui le mot est censé, peu de ses collègues savent s'attaquer aux problèmes sociétaux qui nous concernent comme lui sait le faire. Il dénote fortement par sa rigueur conceptuelle et ses qualités picturales évidentes.

 

Son parcours se fait dans un silence assourdissant, ce déconstructeur génial a entrepris de démolir nos acquis sans outils, puis de se dissoudre dans notre environnement. Adepte des séries en suspens, en voici une nouvelle empreinte de douceur et de gravité, images qui cassent la matière pour nous livrer une mélancolie apaisée

 

Une série hallucinante intitulée "Bref je suis étudiant" voit son initiation en l'an 2016, sans se tromper on peut dire que le premier numéro vit le jour le 26 juin, bien sur comme à son habitude Jihel ne donne pas de numéro d'ordre ni de date, et c'est pour cela, je trouve, qu'il est bien de fixer dans le temps cette nouvelle série qui va devenir la colonne vertébrale d'une époque tourmentée et anxiogène.

 

Dans ces premiers dessins je perçois cet esprit vif et enthousiaste que j'ai connu trente ans en arrière quand nous discutions politique et sociologie sur les marches de la "Mutu"

Jihel est à l'écoute de la société, dans ses moindres replis, jusqu'au cœur de l'individu, il détecte, décrypte, raconte, épingle, et nous derrière le miroir, nous rions de ce rire perdu qui s'autorise un grand écart (J'ai emprunté cette tirade à Jihel, elle apparaît dans un texte de sa célèbre série philosophique)

L'idée générale de cette série vient de sa phrase répétitive qui a conditionné son existence "On est étudiant toute sa vie" une phrase qui revenait tellement souvent qu'elle en était énervante, car elle nous rappelait nos fautes, nous qui n'étions pas aussi penché que lui sur l'érudition.

 

J'ai envie de le situer un peu pour vous faire aimer ce personnage attachant.

 

Dans les coulisses de sa profession il a toujours fait office de mouton noir, on l'appelait le professeur ou Monsieur je sais tout, il gênait par son savoir mais aussi car il se voulait toujours à la marge, jamais dans le moule, toujours incontrôlable, l'anar quoi. alors on préfère l'oublier, ne plus l'inviter et lui coller sur le dos toutes sortes de faux bruits pour le tenir loin des idées bien pensantes, on ne l'invite plus, les organisateurs s'entourent toujours des pontes de la région, ils veulent de l'aseptisé, du contrôlé, de l'artiste bien plat, et lui et bien, on ne sait jamais...Incontrôlable quoi. Et puis ses dessins satiriques provoquent le maire ou le député du coin, ses slogans libertaires font des émules et titillent le bien-pensant, c'est embêtant, ses nus arrogants sont à la limite de la décence petite-bourgeoise, bon en gros, il n'avait pas sa place. Moi j'y étais dans la place, je peux donc en témoigner.

Mais lui, il s'en fichait, il était ailleurs, toujours ailleurs, c'est là que résidait sa force, jamais là où on l'attendait, et à chaque fois en bon "pirate" fleurissait un dessin pied de nez, il apparaissait derrière le rideau, vendu à la sauvette, et bien sur dézinguait souvent l'édile en place, maire ou député, ou alors il nous glorifiait d'un beau nu provocateur comme seul, il savait le faire, un de ces nus féminins noyés dans l'encre de son tamis et qui laissait apparaître juste ce qu'il faut pour donner un axe érotique, du plus bel effet à mon goût.

 

Ce petit aperçu d'un artiste exigeant avec lui même est là pour faire comprendre cette nouvelle série en cours, dont les protagonistes sont jusqu'à présent un jihadiste anonyme au profil sanguinaire, et complaisants avec lui, Marine le Pen et Sarkozy, comme un mauvais pari sur l'avenir.

Cette série bordée de noir comme un deuil en instance me plait bien, je veux par cet article sans prétention lui souhaiter bon vent.

Merci Jihel d'exister.

 

Esther VIANCE

artiste peintre.

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