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Dessin du jour 

ACCUEIL Site regroupant les dessins de  Jihel 

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Exposition des dessins " Maçonniques" de Jihel et Jiho 
du 10 au 18 Mars 2023 à Auch 

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Iran contre la répression , Coupe du monde de foot 2022 au Qatar par Jihel soutien à Mahsa "Barayé"

Diaporama "Bella Ciao" en Persan , dessins de Jihel sur l'Iran en soutien aux femmes Iraniennes

Diaporama textes et dessins de Jihel ...Solidarité avec l'Ukraine

" Et ça recommence " de Jihel , musique d'Henri Franceschi et le texte.

               LA PLUME visite l'exposition Jihel à Paris Philex 2022.


 

Pour une fois Jihel était présent officiellement à un salon... pas de carte pirate et de présence physique, à Paris Philex 2022, salon philatélique, à la Porte de Versailles (Paris) du 23 au 26 juin dernier ! Il l’était par l’intermédiaire de Thierry DELMOTTE qui exposait en compétition régionale (catégorie Cartes Postales) « La révolte de 1911 des Vignerons Champenois vue par Jihel » en 160 dessins.

 

Un défi relevé par l’exposant, reconnu pour ses présentations de cartes historiques du début du siècle dernier, « La révolte de 1911 des Cossiers Champenois », « La Mutinerie du 17ème ligne », 1907. Narbonne. Du sang et des Larmes », « 1910. Les raisins de la colère », … , de proposer en compétition un illustrateur contemporain, satirique et qui fait débat par ses positions libertaires, animalistes, irrévérencieuses et anarchistes, son style parfois érotique, et la présence quasi permanente dans ses dessins de la franc-maçonnerie, sans oublier, l’utilisation de l’uchronisme dont il est l’inventeur, à savoir placer des situations ou des personnages historiques hors de leur époque, mais ayant toujours un lien, visible ou caché, avec le sujet de la carte.

 

La visite approfondie de l’exposition nationale a permis de dénicher d’autres cartes de Jihel dans les collections, intitulées :

- « La main » présentée par Gérard BARAT, et,

- « La Marche de l’Armée en 1904 » par Thierry DELMOTTE, à nouveau

 

Elle a également été l’occasion pour deux Jiheliens, Janny-André Demonceaux et Thierry Delmotte, de se rencontrer et de pouvoir commencer à tresser des liens autour de Jihel, presque, un début de fan club !

         

Dimanche, jour de l’anniversaire de Jihel, le verdict des juges est tombé. La collection reçoit 80 sur 100 points, soit une Médaille de Grand Vermeil. La distinction la plus haute dans une compétition régionale. Rendez-vous pour elle en 2023 lors du prochain Championnat de France qui se tiendra du 26 au 29 mai à Chalon-sur-Saône. Elle aura entretemps subi quelques petites retouches.

 

Satisfaction pour l’exposant car c’était une première d’exposer un artiste contemporain et comme l’ont dit les juges « Très belle collection sur un illustrateur peu connu des milieux philatélistes »

Une anecdote, l’exposition a commencé le jour anniversaire de Thierry Delmotte, et s’est achevée lors de celui de Jihel ! Un signe ?

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Jihel

   Jacques Camille Lardie dit " JIHEL" né le 26 juin 1947 à Périgueux est un artiste Français, auteur, lithographe, dessinateur de presse, caricaturiste... il fut longtemps directeur de deux maisons d'édition, les éditions du Triangle et les éditions de la Canetille.

   Connu pour ses orientations politiques anarchistes, JIHEL à tout au long de son parcours pictural, exercé son talent à la réalisation de nombreux dessins, cartes postales et affiches en soutien à la cause libertaire.

   Ainsi, en mai 1968, au cœur des événements, il édite plusieurs cartes postales, dont une série de dessins intitulés «Les affiches de Mai 68 Beaux-arts-déco» avec des détournements d'images et de textes, et créé une dizaine d'affiches anonymes. Au cours des années 70, il réalise une série marquante et symbolique "L'idée Noire"sur fond rouge, se référant à mai 1968 et Louise Michel, accompagnée de textes libertaires. Puis viendra la série "Pierre Noire" sur fond bleu, toujours en référence à Louise Michel, et dont certains dessins mettent en scène la chanteuse Catherine Ribeiro en des graphismes psychédéliques. Suivrons les séries mythiques "L'allégorie Sociale" et "Pan dans la Gueule" .

   Dans la carrière révoltée de JIHEL, on peut distinguer deux périodes qui se sont entrelacées largement durant des décennies. La période dite Politique, de dessins de presse, caricatures souvent en noir et blanc et la période Philosophique et Ésotérique, haute en couleur et théâtrale sur des textes assez énigmatiques. Usant de symboles et jouant sur les époques, cet uchroniste inlassable (Etudiant toute sa vie...) s'est intéressé à d'illustres personnages de notre histoire comme Cléo de Mérode, Talleyrand, Hugo Pratt, Guillaume II, mais également à la franc-maçonnerie, au cirque et aux Arts.

    incisif et sans concessions, JIHEL est aussi passé maître en matière de dessins satiriques s'attaquant aux puissants, aux politiques de tous bords, d'hier et d'aujourd'hui qui parfois même se côtoient dans des situations et des lieus dont seul l'imaginaire de l'artiste détient les secrets.

Jihel

Biographie 

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Série de 12 cartes " La Loge Etienne Dolet" 

"La Loge Étienne Dolet du G.O.D.F. à l'Orient d'Orléans s'est adressée au dessinateur et caricaturiste Jihel pour illustrer ses 120 ans.
Pour cette occasion, Jihel a créé 12 cartes postales symboliques retraçant la généalogie de la Loge,  des premiers pas de la Franc-maçonnerie à Orléans en 1744 en passant par les loges mères et filles ainsi que par les chapitres, sans oublier quelques frères illustres. 
Cette création qui a été réalisée de midi à minuit est rythmée de 12 maillons formant une chaîne dans le temps comme dans l'espace, elle nous vient du passé et tend vers l'avenir ".

 

Notre site internet est consultable à l'adresse suivante :

http://logeetiennedolet.free.fr/Accueil.html

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CICPC La Gazette N 146 Juin 2022

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Les couleurs de l'alchimie dans l'enfer créatif de JIHEL.

 

Un trait noir épais qui pénètre la matière pour délivrer des cobalts et des vermillons d'une puissance extrême, alors seulement la violence du texte se libère au travers de ces pigments cosmiques.

 

Ce sentiment d'attente que j'ai chaque fois que j'étudie un dessin de cet artiste est très fort, l'abstraction des mots est son langage, tout est dense chez lui, riche de signes ou de symboles, il parvient à se frayer un chemin hors du temps, il appelle ça de l'uchronie, moi j'appelle ça du talent, les deux ne sont pas incompatibles.

Personne avant lui n'a osé aller aussi loin dans la manipulation des images, pas toujours les siennes d'ailleurs mais où il s'incruste facilement afin de les posséder, il travaille depuis longtemps sur des formes découpées à l'avance, des milliers de coups de ciseaux d'une précision extrême à peine retouchées en finition. Apposées sur l'une ou l'autre de ses créations, les formes rejettent toute perspective traditionnelle et de la sorte ne se laissent pas enfermer dans la première idée de l'auteur et c'est là souvent que se cache ce contraste savant de la vibration subtile des couleurs et du message codé.

 

Bien sur pour un œil attentif, on verra resurgir telle ou telle forme plusieurs fois, et alors ? Chaque image revendique son indépendance et rend insaisissable son oeuvre titanesque, et c'est bien son désir, manipuler son lecteur et j'ose avancer qu'il y parvient très facilement.

 

Piotr Shalinia

Artiste

FireShot Capture 033 - La guerre, non! P

Le Carto du cercle cartophile du Loiret                                 N° 151
                  Juillet 2021.

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La musique mécanique et Montmartre
Les Gets , musée de la musique mécanique ... 2021

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Jihel, la passion du TARN.

 

 

Je m'appelle Alain Figuelle et je suis collectionneur de dessins de l'artiste Jihel depuis maintenant plus de trente ans.

J'habite à Castres dans le Tarn dont je ne suis pas natif.

Mon article portera donc sur ce département bien que je ne me limite pas à ce dernier dans ma collection de cet auteur.

 

J'ai rencontré Jihel plusieurs fois alors qu'il était conférencier au musée Jaurès, j'ai pu longuement discuter avec lui à plusieurs reprises et comprendre ainsi sa démarche sur les personnages célèbres Tarnais qui furent traités tant par la caricature que par le sérieux historique.

 

J'ai évité toute ma vie les donneurs de leçons et il faut dire que notre cité en regorge, mais je crois que Jihel sait leur rabattre le caquet en multipliant les charges contre ces vendeurs de chaussettes sales comme il dit.

Je peux témoigner ici que les cabales lancées contre lui sont montées de toutes pièces par des jaloux fiévreux, j'ai été moi même témoin de discussions en ce sens au salon d'Albi où il fallait démolir coûte que coûte cet artiste hors du commun, tristes sires, ils portent sur leurs visages une jalousie infirme.

 

Après cette mise au point je vais revenir à l'artiste qui a su captiver mon attention, mon premier dessin je l'ai acheté sur un salon Parisien, c'était une carte pirate en essai de couleur, une petite merveille que j'ai toujours comme toutes les autres également, bien classées dans ma bibliothèque et où je me plonge souvent.

Albi, Castres, Gaillac, Carmaux... Rien n'a échappé à Jihel, de Quilès à Jaurès, de Limouzy à Combes, de Augustin Malroux à Georges Spénale mais aussi  Marc David Lasource, quelle histoire... Je reste surpris de tant de talent pour mettre en situation des personnages aussi anciens et surtout savoir traiter d'un sujet somme toute oublié de la plupart de nos contemporains. Belle remise en mémoire.

 

Les nombreuses cartes sur Gaillac avec Marchandeau, Hautpoul, mais aussi Pistre, Rieux ou Fernandez sont un régal pour les yeux. J'en ai recensé trente deux et il m'en manque.

Un crayon d'honneur tout de même pour le magnifique dessin en hommage à Jacques DURAND de Réalmont.

Mais il ne faut pas oublier toutes ces cartes pirates avec de belles femmes dénudées, dessins parfois en noir et blanc, parfois en couleurs et souvent  même les deux sur le même salon.

Puis viendront des dessins sur de bien tristes personnages de notre vie de tous les jours localisés à Albi, Fiac ou Lavaur, ces dessins éparpillés dans de nombreuses séries, "Les pieds nickelés" La 'Pataphysique uchronienne" "Bulles de Nice"  "La contre-création" ou encore "Nice surréaliste", m'ont permis d'essayer de compléter ces séries et alors quel bonheur, des dessins de toute beauté sautant allègrement de l'argot à la philosophie. J'ai vainement cherché chez d'autres dessinateurs cette manière de faire, rien, je n'ai jamais trouvé.

 

Tout cela pour dire que je suis ravi d'avoir un jour rencontré un homme hors du commun qui a rajouté du plaisir à ma vie.

                     JIHEL

 

Nous nous sommes approchés vers la fin des années 70, sans plus, rencontre protocolaire entre artistes. Nous avons sympathisé lors du festival du graphisme d'Enghien dans les années 80, notre étroite collaboration dâte de cette époque, cela devait arriver, le calendrier Maya l'avait prédit.

Tout d'abord nous nous sommes jaugé, décrypté, analysé, pour finalement nous rendre compte que tout en étant différents, nous étions en fait semblables.

Lui, JIHEL, dans sa bulle d'anarchiste individualiste non violent, journaliste de l'écrit, reporter et dessinateur de presse satirique, refusant pour je ne sais toujours quel principe, toutes les expositions ou rétrospectives en France, s'exportant dans des expositions internationales, Berlin, Sidney, Turin, Rome, Tokyo et le plus souvent à New-York ou il s'installera à plusieurs reprises. Amateur d'art éclairé, collectionneur d'art brut et d'art premier, passionné d'histoire, pas la grande, non, plutôt celle que les gens oublient, avec sa cohorte d'intrigues... une fascination sans égale pour la Révolution et l'Empire avec son cortége de personnages fabuleux et extravagants, pourtant un seul va revenir et revenir au fil de ses planches, comme un doute sur son propre parcours initiatique, il se nomme TALLEYRAND, le nom est lâché, et le voilà le "CIMENT" qui a soudé notre travail en commun sur des décennies.

Moi, dans ma bulle Niçoise de l'ère Jacques MEDECIN, travaillant dans la mouvance de l'école de Nice tout en refusant d'y adhérer officiellement, préférant d'abord construire mon propre itinéraire loin des galeristes.

Finalement au fil des ans qui se sont écoulés nous sommes devenus Jihel et moi, les GOSCINNY et UDERZO du diable boiteux, le franc maçon.

 

LENZI, peintre de l'école de NICE. 


 

JIHEL: CONTEMPORARY MASTER OF CARICATURE


 

The artist Jihel is without doubt the most important practitioner of the art of caricature to be found today in France, indeed perhaps in the entire world. He is certainly the inheritor of a longstanding French tradition of caricature art, most notably practiced in the past by such masters of the form as Rostro and Orens.

Like them, he often constructs his images as montages of strange and at first seemingly incongruous elements drawn from a great variety of sources, human, animal, and inanimate.

Taken together, a narrative of sort often emerges, though its precise interpretation may vary significantly from viewer to viewer. Most often at the heart of these visual narratives is some sort of satiric commentary – upon history, upon contemporary events and popular culture, upon individuals, or upon life in general. Over the years, Jihel's creations have evolved from clusters of satiric commentaries focusing upon highly specific historic events – for example, the Armenian genocide – to somewhat more generalized depictions of the absurdity of the human condition, and with it has come in most cases a softening of tone, a movement away from harsh condemnation and towards a gentler, at times almost playful, assessment of human character.

At the same time, the artist has moved from a predominance of black and white depictions in his earlier work to an ever more lavish use of brilliant and dynamic primary colors. Although the disparate elements in his compositions may come from practically anywhere, certain visual motifs and representations are frequently repeated in seemingly endless recombination – Kaiser Wilhelm II, chamber pots, Talleyrand, Jacques Médecin (the disgraced mayor of Nice), animals of every sort from rats to rhinos, Beethoven, Masonic symbols, Marie Antoinette, the Mona Lisa, Napoleon, the comics characters known as Les Pieds Nickelés, Robespierre, and numerous others.

Each individual piece represents a unique and vivid satiric perspective upon human life and events: taken together, the large body of work created by this gifted artist constitutes the most important contribution to this genre to emerge in the late 20th and early 21st centuries. It comes therefore as no surprise whatsoever that Jihel's satiric masterpieces are highly prized and sought after by collectors, the present author being most enthusiastically among their number.

Richard Meyer

Salem, Oregon

U.S.A. 


 

JIHEL : LE MAÎTRE CONTEMPORAIN DE LA CARICATURE


 

L’artiste Jihel est sans aucun doute, parmi tous les adeptes de l’art de la caricature, le plus important qui existe aujourd’hui en France, et peut-être même dans le monde entier. Il a très certainement hérité d’une longue tradition française de l’art de la caricature, pratiqué par le passé notamment par des maîtres en la matière comme Rostro et Orens.

Comme eux, il construit souvent ses images comme des montages d’éléments étranges et à première vue incongrus tirés de diverses sources humaines, animales et inanimées.

Une fois associés, il en ressort souvent une sorte d’histoire, qui peut toutefois être interprétée bien différemment d’une personne à l’autre. Ces récits visuels sont le plus souvent centrés sur une sorte de commentaire satirique sur l’histoire, sur les événements contemporains et la culture populaire, sur les personnes ou sur la vie en général.

Au fil des ans, les créations de Jihel ont évolué : les ensembles de commentaires satiriques axés sur des événements historiques très précis, comme le génocide arménien, sont devenus des représentations un peu plus généralisées de l’absurdité de la condition humaine, dans lesquelles le ton s’est bien souvent radouci, s’éloignant de la dure condamnation pour s’orienter vers une appréciation plus légère, parfois presque enjouée, du caractère humain. En même temps, l’artiste a délaissé les représentations en noir et blanc qui dominaient dans ses premières œuvres pour utiliser plus généreusement des couleurs primaires éclatantes et dynamiques. Bien que les éléments hétérogènes de ses compositions puissent avoir pratiquement n’importe quelle origine, certains motifs visuels et certaines représentations se répètent fréquemment dans de nouvelles combinaisons qui semblent sans fin – Kaiser Wilhelm II, pots de chambre, Talleyrand, Jacques Médecin (ancien maire de Nice déshonoré), animaux de toutes sortes, des rats aux rhinocéros, Beethoven, symboles maçonniques, Marie-Antoinette, Mona Lisa, Napoléon, les personnages de bande dessinée appelés Les Pieds Nickelés, Robespierre, et bien d’autres encore.

Chaque œuvre représente une satire vive et unique de la vie humaine et des événements ; l’ensemble des œuvres créées par cet artiste talentueux aura été la contribution la plus importante au genre à émerger à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Il n’est donc absolument pas surprenant que les chefs-d’œuvre satiriques de Jihel soient si prisés et recherchés par les collectionneurs, et tout particulièrement par l’auteur de cet article, qui en fait partie.

Richard Meyer

Salem, Oregon

U.S.A. 


 

UNE INTERVIEW DE JIHEL PAR SAM FLORES


 

C'est pour publier un papier sur le militantisme politique par le dessin satirique et la caricature que j'ai été amené à rencontrer l'artiste Jacques Camille LARDIE dit Jihel.

Je voulais un artiste sincère dans ses convictions, un artiste refusé presque partout et qui finalement s'autoédite pour se faire entendre et exister. En faisant le tour des rédactions un nom revenait tinter inexorablement à mes oreilles "LARDIE"

Va pour LARDIE, mon choix était fait.

Le plus long fut de le rencontrer, ce fut dur, très dur, toujours injoignable, une voix féminine me répondait inlassablement au téléphone "Laissez vos coordonnées, il vous rappellera" des mois ont passés et toujours rien, pour moi c'était acquis, je me suis dit c'est mon homme, j'avais trouvé un artiste qui ne court pas après sa notoriété. J'ai donc fait le siège de son atelier à Paris et alors qu'il sortait pour se rendre chez un bouquiniste, je me suis présenté en lui emboîtant le pas, j'ai réussi à lui esquisser mon idée d'interview. J'avais bien appris ma leçon auprès d'un de ses amis intimes Mill Reinberg que j'avais contacté auparavant pour arriver à lui, il me fallait glisser dans la conversation Talleyrand ou Louise Michel et enfin lui parler des chats et de la protection animale. On m'avait prévenu qu'il était d'un abord difficile et qu'il n'aimait pas perdre son temps mais j'avais là quelques clefs. Nous tombèrent d'accord sur le principe d'une conversation enregistrée sans tabous ni exclusives mais avec mélange des genres et sans ordre établi. Il se réservait tout de même le droit au silence ce qu'il fit peu somme toute. Souvent même il partait bien au delà de la question. Tout se passa très bien dans l'ensemble et j'ai pu avoir mon interview qui fut primée, j'ai adoré passer du temps avec cet artiste, il m'a marqué profondément pour longtemps.

 

SAM FLORES

Etudiant en journalisme, PARIS.

Interview réalisée en mai 1986. 

 

 

SF : Si vous deviez vous présenter vous diriez quoi ?

JIHEL : Je crois ne pas être présentable dans le sens où vous l'entendez, donc pas grand-chose, sinon que j'ai dû rater plein de vies ailleurs, ici et maintenant et ça m'embête vraiment, il faudrait une seconde vie pour se dédouaner de la première.

SF : Ce n'est pas vraiment une réponse, ça commence mal

JIHEL : C'est la mienne, j'ai toujours l'impression qu'il y a quelque chose de plus beau ailleurs.

SF : Mais encore ?

JIHEL : L'espace et le temps me poussent au changement, toujours, j'ai besoin dans ma création de me sentir étranger au lieu dans lequel je me trouve, alors seulement je deviens un passeur d'images, pas toujours les miennes d'ailleurs, comme un voleur de temps à qui il manquera toujours une heure pour terminer sa phrase. <

SF : Je vais donc me contenter de cela même si je reste sur ma faim, la mort vous obsède donc ?

JIHEL : Je ne parlais pas vraiment de la mort mais oui et non, elle est dans le coeur de la vie, de ma vie, de mon parcours artistique, elle m'aide donc à vivre, elle m'accompagne, un temps, jusqu'au moment où...

SF : Revenons au dessin, pourquoi avoir choisi le dessin satirique et la politique ?

JIHEL : La politique s'est imposée à moi tout jeune, le dessin aussi d'ailleurs alors j'ai mixé les deux et je suis devenu par la suite dessinateur politique ou de presse comme on dit, puis caricaturiste, c'était une porte ouverte sur les excés et je suis excessif en tout, c'est une force mais aussi une faiblesse.

SF : En quoi est-ce une faiblesse ?

JIHEL : J'ai toujours créé sur des montées d'adrénalines face aux injustices de la vie et me suis refusé à m'autocensurer une heure ou un jour après, la première mouture était pour moi la plus juste donc la bonne, rarement appréciée par le demandeur, refusée, elle était donc autoéditée en fanzines ou en cartes postales au sein de ma propre maison d'édition avec souvent un procès à la clef.

SF : Vous avez eu beaucoup de procès ?

JIHEL : Des dizaines, il y a moins de risques avec Talleyrand et Fouché qu'avec Pasqua ou Médecin.

RIRES.

SF : On dit que vous avez un énorme talent et qu'on tarde à vous en rendre justice

JIHEL : Je ne sais pas si j'ai du talent mais ON est un con, vous pourrez lui dire quand vous le croiserez, je ne cherche aucune reconnaissance, je travaille d'une manière quasi névrotique, une forme d'intensité émotionnelle qui me fait mal mais qui me donne l'occasion de mettre en œuvre ce que je sais faire sans m'occuper de plaire et encore moins de flatter, très peu pour moi les médailles, rétrospectives et autres fadaises.

SF : Névrotique, est-ce à dire que vous créez dans un état second ?

JIHEL : Un peu, j'ai cette propension à puiser au fond de moi ce masque de l'histoire d'un autre, celui que je vais exécuter, c'est lourd de conséquences une exécution vous savez, et puis je cherche toujours à construire un élan dans l'angoisse d'une nuit avancée, ça me permet un confort d'évidence sans me remettre en permanence en question.

SF : Vous dites que vous avez dessiné très jeune, quel âge ?

JIHEL : Une dizaine d'années, certainement moins, j'ai le souvenir très précis d'un livre d'histoire sur la Révolution Française de 1789 sur lequel je copiais des gravures et je m'amusais à mettre en situation des personnages comme Napoléon, Talleyrand, Robespierre, Danton etc, une fois dessinés, je les découpais pour les coller sur un carton fort, ils étaient mes soldats de plomb, ils me permettaient de revisiter l'histoire à ma manière et je peux dire que les cent jours ou mon congrès de Vienne feraient pâlir tout historien digne de ce nom. J'ai toujours ce livre dans ma bibliothèque. Je n'ai fait que prolonger mon enfance en devenant dessineux.

SF : Pourtant vous n'aviez pas cette formation de dessinateur de presse en sortant des Beaux-arts ?

JIHEL : Le dessin c'est le dessin, quand on a les bases et de l'imagination tout devient possible, tiens un slogan détourné de 68, mon père voulait que je sois architecte, ma mère dessinateur de mode, j'ai fini décorateur sur porcelaine à Limoges, pas vraiment enivrant mais bon j'étais dans la place, fallait trouver l'occasion de partir, c'est arrivé très vite.

SF : Dans votre œuvre, il y a aussi cette passion pour l'histoire de France ?

JIHEL : Œuvre est un bien grand mot pour le petit gribouilleur que je suis, néanmoins c'est vrai que l'histoire de France m'habite et ce depuis tout jeune, je viens de vous en parler, et sans renier mes dessins politiques, les créations historiques sont pour moi une bouffée d'air pur et un enrichissement majeur même si j'ai très souvent flirté avec la licence, et celle-là n'est pas poétique, elle est artistique. Ces créations m'ont permis d'avoir du recul sur l'existence et de nouer des liens avec des personnages qui n'avaient aucune chance de se rencontrer dans la vraie vie, je me suis reposé avec eux.

SF : Vous parlez là d'uchronie je suppose, comment vous est venue cette idée ?

JIHEL : Très simplement, il me semblait évident de faire parler des personnalités disparues pour indiquer aux politiques du temps présent le chemin à suivre, j'ai commencé dans mes dessins d'actualité à les mettre dans un nuage, puis en pied d'égalité, ça fonctionnait bien dans ma tête avec Jaurès, Talleyrand et Louise Michel, alors j'ai élargi mon champ d'investigation à de nombreux autres, Guillaume II, Cléo de Mérode, etc... Puis j'ai supprimé l'actualité de certaines séries.

SF : On a l'impression que vous vous êtes trompé d'époque ?

JIHEL : Je suis bien dans mon époque et ces dessins uchronistes sont une goutte d'eau dans la mer de mes créations sur l'actualité au jour le jour, combien sur Giscard, sur Mitterrand, des milliers pour des centaines sur Cléo.

SF : Dont acte, à présent quelques questions à brûle pourpoint pour se détendre façon questionnaire de Proust. Beatles ou Rolling Stones

JIHEL : Stones

SF : Votre chanteur Français préféré ?

JIHEL : Léo Ferré

SF : Vous connaissiez Ferré ?

JIHEL : J'ai travaillé avec lui, pour lui.

SF : Votre actrice préférée ?

JIHEL : Sandrine Bonnaire

SF : Acteur ?

JIHEL : Michel Simon

SF : Réalisateur ?

JIHEL : Pialat

SF : Votre livre préféré ?

JIHEL : Ce que parler veut dire de Bourdieu

SF : Un philosophe, un seul ?

JIHEL : Aie, le piège, c'est hyper réducteur, allez Gaston Bachelard.

SF : Un peintre ?

JIHEL : Magritte

SF : Votre animal préféré ?

JIHEL : Le chat

SF : Votre couleur préférée ?

JIHEL : Chez le chat ? RIRES, je plaisante citoyen, le noir de toute évidence.

SF : A ce propos on vous dit anarchiste, c'est quoi pour vous ?

JIHEL : Ni dieu, ni maître, je crois que c'est bien résumé.

SF : Vous n'êtes pas croyant ?

JIHEL : Je répète, ni dieu ni maître

SF : Votre chanteuse Française préférée ?

JIHEL : Catherine Ribeiro

SF : A son sujet au printemps 68, Catherine Ribeiro a tenté de se suicider, vous étiez présent, on a dit...

JIHEL : On a dit beaucoup de choses sur tout et sur rien

SF : Pourtant ces nombreux dessins sur la chanteuse témoignent...

JIHEL : d'un profond respect pour sa démarche militante et libertaire, un point c'est tout.

SF : Vous ne voulez pas nous en dire plus ?

JIHEL : No comment, si tout de même....Ne pas parler de poésie en écrasant les fleurs sauvages.

SF : C'est un code ?

JIHEL : Si elle lit ça, elle comprendra.

SF : Mais c'est une chanson de Barbara ?

JIHEL : L'interprétation par Catherine est subliminale, écoutez-là, franchement c'est époustouflant.

SF : Vous avez fait plus de dessins sur elle que sur Ferré, ça ne vous parait pas étonnant ?

JIHEL : Non, pour l'homme que je suis, il fallait une égérie, nous sommes presque vingt ans après Mai 68 et vous pouvez remarquer qu'il y a longtemps que je n'ai plus rien fait sur elle.

SF : J'ai lu quelque part que Patricia Carli....

JIHEL : Ne lisez pas tout ce qui est écrit

SF : C'était juste pour surligner les antipodes entre ces deux chanteuses.

SF : Grand blanc, un mauvais regard bleu acier m'indique de ne pas insister.

SF : Votre chanson préférée ?

JIHEL : La mémoire et la mer

SF : Interprétée par...

JIHEL : C'est ignoble, bon Catherine Ribeiro mais bien sur Léo Ferré.

SF : Notre deal dans ce type de questionnaire, c'était une seule réponse, exception donc. Venons-en à Talleyrand, pourquoi ce personnage somme toute anodin vous a autant hanté ?

JIHEL : Anodin vous plaisantez j'espère, passionné par la Révolution Française et l'Empire cet homme est le pivot de toutes les intrigues, il ne pouvait que débrider mon imagination.

SF : De mauvaises rumeurs ont courues sur vous, drogue, squatt, porno, etc...

JIHEL : Difficile de se concentrer avec vous mais bon j'ai accepté de jouer. Les rumeurs sont faîtes pour courir, ne comptez pas sur moi pour les accompagner, je laisse dire, ça fait partie du taff, on cherche à me déstabiliser, je ne rentre pas dans ce jeu là.

SF : Vous voulez dire que rien n'est vrai ?

JIHEL : Je vous laisse à vos appréciations et puis ça occupe le chaland.

SF : Comment déterminez-vous votre carrière artistique ?

JIHEL : Je la vis, je ne cherche pas la compétition, la seule angoisse la page blanche, si, si ça existe, comme une angoisse de ne plus avoir rien à dire, c'est terrifiant, ça peut durer des heures et puis le soir venant, préambule à la nuit, tout revient, ça se précipite, la folie à l'état brut.

SF : Votre moteur sur le dessin d'actualité c'est quoi ?

JIHEL : En politique il y a dans la chute, son mouvement, toujours quelque chose qui relève de la tragédie, c'est là que j'interviens.

SF : Vous avez vécu dans beaucoup de villes, de pays, pourquoi cette instabilité ?

JIHEL : Ma réponse pourrait être ce que j'ai répondu à vos premières questions, j'ai gardé ce goût de l'établi de l'après 68.

SF : Pourquoi des villes comme Asnières ou le Vésinet, aussi différentes ?

JIHEL : Pourquoi pas, le ras le bol de Paris, le calme, le changement, tout ça et surtout la fuite en avant.

SF : Vous qui êtes collectionneur avec une bibliothèque énorme et tout ce matériel pour travailler, ce n'est pas difficile ces déménagements incessants ?

JIHEL : J'ai toujours un point d'ancrage définitif avec des milliers de souvenirs et je tourne autour, question d'organisation. Pour le travail, du papier, des crayons et la quête d'un bon imprimeur dans les parages, c'est tout ce qu'il me faut.

SF : Des milliers de souvenirs c'est quoi concrètement ?

JIHEL : Chaque livre est un souvenir, ce n'est pas une bibliothèque de parade, chaque livre est lu et relu.

SF : Siné, Pratt, Bedos, Higelin etc... Quels sont vos liens ?

JIHEL : Distendus mais réels.

SF : Vos réponses sont très souvent évasives, laconiques, pourquoi ?

JIHEL : On arrête quand vous voulez.

SF : Votre radio préférée ?

JIHEL : France culture

SF : Votre journal au quotidien ?

JIHEL : Libé

SF : Votre passion ?

JIHEL : Une passion, c'est réducteur, quelle idée, mais j'en ai plein

SF : Oui, lesquelles alors ?

JIHEL : Ma compagne, les livres, l'eau froide, la nuit, la pluie, le naturisme, les animaux, c'est sans fin.

SF : Votre compagne, comment elle vit votre travail ?

JIHEL : Bien, elle s'implique, elle me connaît par cœur, elle sait mes silences, mes colères et l'aube qui se prend encore pour la nuit, c'est une sainte.

SF : Si on devait tirer une conclusion de cette interview, vous diriez quoi ?

JIHEL : Que ce n'était pas vraiment une interview mais un interrogatoire, mais bon vous m'êtes sympathique, j'ai joué le jeu même un peu plus je crois et très peu menti, par contre je suis surpris du peu de question sur la philo et mes engagements profonds au quotidien, ce sera pour une autre fois, salut et fraternité à vous. 


 

La période rouge de JIHEL


 

En consultant ce site au demeurant très bien agencé, je suis abasourdi par la production artistique de cet artiste que l'on dit souvent éclectique, pour ma part je ne pense pas qu'il le soit vraiment car plus de 98 % de sa production est historique ou politique, j'avance ce chiffre à dessein car j'ai consulté plusieurs collections généralistes de ce dessinateur dont les plus complètes se trouvent en Suisse, en Italie aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. J'ai consulté également les collections du musée Jaurès.

Bien sur quelques pin-up, de l'érotisme, un peu de pornographie, quelques hommages à des artistes amis admirés ou morts et quelques cartes officielles ou pirates d'expositions émaillent le parcours de JIHEL ce qui finalement n'est pas pour me déplaire outre mesure donnant encore plus de sens à ses messages satiriques. Et puis citez-moi un artiste qui n'a pas dévié son crayon, son pinceau ?

Dans les collections que j'ai consulté et après entretiens avec les dits collectionneurs, quelques points restent obscurs comme une impression bizarre de deux trajectoires, une avec des dessins noir et blanc regroupant de très nombreuses séries qu'il serait fastidieux d'énumérer dont la plus célèbre est tout de même "Ciment de l'histoire" qui regrouperait 1500 numéros ,et une autre démarche avec des dessins hauts en couleurs que des spécialistes appellent "La période rouge" sans vraiment donner une signification à ce terme si ce n'est ce fond rouge qui revient sans cesse. Je pense qu'il ne faut pas tenir compte des propos amers d'un président de club qui avançait dans une manchette que cette période rouge n'était finalement que la période communiste de l'auteur, ce propos ne résiste pas à l'étude approfondie de la démarche de l'artiste. Certains dessins sont à la limite de l'anticommunisme, laissons donc divaguer les chercheurs de réponse à tout prix.

Les dessins noir et blanc dont j'étais un fervent amateur et ce depuis les années 70 ont couverts en gros quatre décennies, m'étant limité à certains thèmes j'ai des séries largement incomplètes, je ne connaissais pas les fumeux dessins pour la plupart historiques de la période rouge, je suis passé à côté sans le savoir, surprenant et déroutant. Ces cartes souvent sérigraphiées que l'on voit apparaître depuis une dizaine d'années me permettent de compléter mes collections thématiques de cet artiste. Fabien ZELLER dans un de ses livres d'entretiens avec JIHEL donne une piste à mes interrogations en disant que ce dernier dessinait beaucoup mais ne voulait pas vendre et donc gardait énormément de choses à l'état d'épure. Est-ce donc ces dessins qui apparaîtraient à présent alors que l'artiste a quitté le monde de la satire politique et la France ?

Mill REINBERG dans son livre publié aux éditions "Alternatives noires" en 1986 et intitulé "Mes années PARIS" dit la même chose en page 40, je cite : "Il y avait une soirée animée par cette belle nuit de septembre, le vin était bon, la musique douce, de belles filles nous entouraient, un seul manquait à l'appel, toujours le même, se débattant avec le temps et son tamis, jonglant avec sa peinture, distillant ses encres de couleur d'où dominait le rouge comme si rien d'autre n'existait, un fou