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SERIGRAPHIES

Jihel et la sérigraphie.

 

Emprisonnant la couleur dans ses dimensions informes, Jihel est passé d'artiste à artisan manuel et conceptuel, sous des signes épars, ses sérigraphies passent d'abstraites à réelles. Technique rapide qui nécessite peu de matériel, elle permet un travail avec des variantes infinies, de l'aplat à la demi teinte, elle correspond parfaitement à un artiste ouvert sur la couleur.

Elle est devenue depuis longtemps une technique graphique à part entière. L'école Américaine travaille ce support depuis plusieurs dizaines de décennies et dans tous les genres, du figuratif au pop'art, Jihel ne l'oublions pas est de cette école. C'est un moyen d'expression idéal pour les affiches politiques, Mai 68 nous l'a prouvé. La sérigraphie trouve ses racines dans le pochoir, un domaine artistique très ancien. Simples retouches informatiques, modernité voulue et acceptée, pour Jihel, tout se passe de sa table de travail à son métier puis à sa presse à bras. Les encres fluorescentes permettent des rendus fantastiques et peuvent passer en de multiples surimpressions du plus clair au plus foncé. Le travail de Jihel va plus loin, il cale des caches par montage pour retravailler l'image ou le texte, travail de précision qui donne ce degré de complexité à des œuvres d'art qui une fois terminées touchent la perfection.

L'amateur reste désorienté par le résultat. Artiste moi même, je suis de près l'évolution de son art et ce depuis près de trente ans, je collectionne un peu, le mot ne me plait pas, je cherche dans ses œuvres ce qui fait que son art s'apparente à du non-vu, et je trouve. Je suis attiré par la lumière mais le sombre colle bien à la peau de Jihel, son état d'esprit, sa révolte, ses fantasmes, son anarchie raisonnable, tout est là pour attirer le détail de la perception, entre pensée et sensation.

 

Créateur un peu fou, il s'éparpille en passant du dessin d'actualité au dessin d'humour en dérivant sur le dessin historique, mille formes d'art pour mille chemins, de l'affiche sérigraphiée sur papier souple au nu artistique sur velin d'arches, son œuvre est exempte de tout compromis mais surtout de toute culpabilité, oui le mot est fort, mais ses emprunts d'images relèvent de son engagement libertaire et philosophique, alors au diable les mauvais coucheurs. Tout est métaphysique dans la dimension de ses créations, il a cette maîtrise qui fascine, sa peinture, ses encres font de suite référence à l'outil, la raclette, le tamis, le pinceau et même le crayon. Cette manière très personnelle de traiter tel ou tel sujet touche à un état spirituel, son univers sombre, sa vie, son temps, il est cet artiste des causes perdues, mal aimé, mal compris, inclassable. Un temps les directeurs d'expos se sont donnés le mot, il est ingérable donc on ne l'invite plus, mal vu, il avait déjà court-circuité par des expos parallèles ces donneurs de leçons, et alors que nombre d'artistes disparaissaient des circuits, lui renaissait de ci de là, toujours présent en 2017 alors qu'on l'annonçait fini à plusieurs reprises dans les années 80, puis 90 et ainsi de suite. Beau pied de nez aux empêcheurs de tourner en rond.

Ces tirages sont d'une qualité extrême, un papier de très haute perfection dont peu d'artistes se servent car très onéreux, une finition complexe pour arriver à un velouté fragile, secret du créateur, maintes fois interrogé, il refuse de dévoiler sa potion magique. Sérigraphies intemporelles qui naviguent d'une berge à l'autre, puisant dans l'ancien la modernité d'une réalité qui fuit. Jihel a réussi ce coup de maître, faire accepter la sérigraphie comme une expression graphique noble au même titre que la lithographie ou la gravure.

 

Fred COMPASSO, septembre 2017.

sérigraphie à bords perdus marouflée sur bois intitulée "réceptacle"

titre poison perdu

titre " Loverly"

Apprendre.jpg
MARILYN MONROE
ARTISTES

Mama Béa, sérigraphie 1987, 60 x 60, collection privée.

PERSONNAGES HISTORIQUES
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FEMMES
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