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Le Diable 

Jihel et (est) le diable.


 

 

 

Bien sûr me direz-vous, il y a Talleyrand, bien sûr, mais est-ce suffisant pour une telle armée de diables sur autant de dessins ? Satan est présent partout, cherchez, regardez bien, à croire que cette image pour un athée fait symbole de contre poids, ahurissant pour quelqu'un qui se dit et se vit anar ce que je veux bien lui reconnaître. Son talent ne suffit pas pour analyser cet homme insaisissable, de multiples facettes entourent son passé sulfureux et même si calmé notre artiste a encore toutes ses dents, et si le diable c'était lui ? Des signatures qui ne cachent rien tant les pseudos retenus sont analysables au simple coup d'œil, et puis même, cette patte à nulle autre pareille, cette écriture en lettres bâtons, rien ne trompe l'amateur.

On cherche Jihel mais on ne le trouve pas, il a ce don de se dissimuler, de se fondre dans ses dessins, derrière ses textes, il est là, il ne parle que de lui, il se dessine dans les mots, mais nous pauvres "diables" nous subissons les méandres de son esprit tortueux, de ses pensées manipulatrices, il est un passe muraille, il nous habite.

Hors du commun, il joue de notre propre fatigue, Jihel est un artiste maudit, un sale type qui crée des dessins originaux pour amuser les collectionneurs et la "galerie" le cas échéant. La complaisance et la résignation des marchands de soupe l'ont propulsé au firmament des caricaturistes vivants, mais pas seulement, son écriture n'est pas de reste, le diable s'y est caché. Son œuvre douloureuse cristallise une énergie d'estime, il possède le jouet de sa schizophrénie, son esprit critique vaut de l'or, il ne faut pas le lui casser et endossons cet habit de carnaval qui de voyages en voyages donne ce cynisme à toutes les critiques de son art mélangé. Jihel a la sensibilité d'un désir de naufrage, il ne vit pas notre monde, il est ailleurs dans des folies de tragédies antiques.

Où se trouve le vrai de l'homme dans le faux de l'artiste, où se trouve Jihel une fois le dessin achevé ? Il triche avec la vie comme on se lave les dents, il n'est pas celui qu'on veut, tant mieux, il est décevant, tant pis, il est la somme de l'utopie de nos convictions, voleur de nuits, il se satisfait de l'ombre pour faire éclater son talent de polémiste, c'est son job de diable, il faudra s'en contenter un temps, ce temps lui restant et qu'il compte en bon héritier de sa propre mort.

Diable chapardeur de mots, caché en son art provisoire, déroulant ce fil inconnu des contresens, il est JIHEL, ne vous méprenez pas, c'est un artiste humaniste mais un peu opportuniste, il a perdu la réalité de sa vie, il est déjà parti, ne le retenez pas.

 

Didier MAUDUIT

Dramaturge. 

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